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Environ 90 % des marchandises mondiales, des voitures aux noix de cajou, sont transportées par voie maritime. C’est une mauvaise nouvelle pour l’environnement, un porte-conteneurs à pleine charge consommant environ 150 tonnes de combustible de soute par jour lorsqu’il sillonne le globe.
L’objectif ultime est de créer des navires à zéro émission. Toutefois, même si de nouveaux navires de transport entièrement durables étaient commercialisés aujourd’hui, il serait impossible, d’un point de vue logistique et économique, de remplacer les 100 000 navires de la flotte mondiale.
L’assainissement de l’air se profile toutefois à l’horizon. Le projet CHEK développe des solutions qui combinent de nouvelles conceptions de navires et des modernisations technologiques pour les navires existants, notamment le retour des voiles.
«Le principal défi de la création de navires à zéro émission n’est pas tant le développement technologique que l’intégration de technologies innovantes disparates déjà existantes», explique Suvi Karirinne, coordinatrice de CHEK et directrice du Vaasa Energy Business Innovation Centre (VEBIC). «En réunissant des entreprises chefs de file dans le domaine de l’innovation, nous avons pu surmonter ces obstacles et créer des solutions synergiques très intéressantes.»
Cap sur l’avenir
CHEK a commencé par répertorier les technologies disponibles auprès des partenaires du projet. La plupart d’entre elles se situent entre les niveaux de maturité technologique (NMT) 1 et 4, de la recherche fondamentale aux premières preuves de concept et aux résultats validés en laboratoire.
Dirigée par le cabinet de conception navale Deltamarin, l’équipe a commencé à élaborer des concepts de navires basés sur la modélisation numérique. «Dans la première génération, les modèles reposaient essentiellement sur des mesures provenant de navires de référence», explique Suvi Karirinne. «Les suivantes impliquaient la génération de nouvelles coques et la simulation des interactions entre les systèmes du navire et nos technologies.»
Les avancées du projet vont au-delà des expériences en laboratoire. En août, le vraquier Pyxis Ocean a mis le cap sur Paranaguá, au Brésil. Fruit de plusieurs années de planification et de préparation, c’est le premier cargo au monde équipé de WindWings: des voiles rigides et rétractables qui exploitent l’énergie éolienne pour réduire la consommation de carburant et les émissions de carbone.
Bien qu’il soit trop tôt pour tirer des conclusions détaillées sur les performances des ailes, Suvi Karirinne note que les premiers résultats sont encourageants. «Nous parlons de différents voyages de sept mois. Les résultats serviront à accélérer les essais, résoudre les problèmes et tirer des enseignements de nos données et des comptes-rendus de l’équipage.»
Investir dans les technologies vertes
CHEK est plus qu’un simple jeu de voiles. Les partenaires du projet ont accéléré plusieurs technologies, notamment le système de lubrification à l’air de Silverstream Technologies (qui permet aux navires de glisser sur un coussin de bulles), les prototypes de coques antisalissures à ultrasons d’HASYTEC (qui empêchent les bernacles et autres organismes marins de s’accumuler sur les surfaces immergées), et la technologie de conversion de la chaleur résiduelle en énergie de Climeon.
Au-delà des navires individuels, la technologie d’optimisation des itinéraires de MSC Cruises permet aux exploitants de planifier des parcours qui tiennent compte des performances environnementales et des exigences commerciales et techniques. Les résultats des essais en laboratoire de Wärtsilä sur la technologie innovante des moteurs à hydrogène sont prometteurs pour l’avenir des carburants alternatifs propres dans le transport maritime à longue distance.
Plusieurs technologies testées dans le cadre du projet font déjà parler d’elles: des vraquiers dotés d’équipements antisalissures à ultrasons, et des paquebots de croisière équipés de systèmes de routage météorologique qui tiennent compte des conditions atmosphériques et maritimes dominantes pour tracer le meilleur passage. «Notre objectif est de démontrer l’efficacité des technologies intégrées de CHEK pour améliorer l’efficacité énergétique, réduire la consommation de carburant et diminuer les émissions avant la fin du projet», explique Suvi Karirinne.
Devant s’achever en mai 2024, CHEK dispense un cours pilote afin de convaincre les parties prenantes désireuses d’investir dans des technologies océaniques révolutionnaires. Le consortium prévoit d’organiser des ateliers spécialisés et d’échanger en permanence avec les publics clés. Ses résultats comprendront des scénarios à l’horizon 2030 et 2050 pour le déploiement de ses technologies. «Les partenaires du projet ont déjà pris contact avec des clients potentiels, et nous envisageons différentes exploitations intéressantes des technologies», conclut Suvi Karirinne.