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Il n’y a pas d’alternative. Si le monde doit devenir autre chose qu’une gigantesque poubelle, il doit passer aux produits biosourcés. Cela signifie éliminer progressivement les produits d’origine fossile au profit de matériaux dérivés de plantes et de déchets, construire des bioraffineries utilisant des ressources renouvelables pour remplacer leurs homologues polluantes, et passer à une économie axée sur la circularité.
Le nombre de défis à relever ferait tourner la tête de n’importe qui, mais des projets comme STAR-ProBio, financé par l’UE, s’y attaquent de front. «Notre projet s’est concentré sur les systèmes d’évaluation de la durabilité (labels, normes et certifications) ainsi que sur les incertitudes liées à l’adoption par le marché», explique Piergiuseppe Morone, professeur de politique économique à l’Université de Rome Unitelma Sapienza et coordinateur du projet.
Pour les premiers, l’équipe du projet a identifié un ensemble d’indicateurs environnementaux, sociaux et économiques couvrant le changement d’affectation des sols et la transition de modèles de production linéaires à des options circulaires. Pour les secondes, elle a étudié les facteurs susceptibles d’inciter les consommateurs et les producteurs à accueillir chaleureusement les produits biosourcés, y compris les aspects spécifiquement liés aux programmes de durabilité. Comme l’explique Piergiuseppe Morone: «Nous avons mené une enquête en trois volets auprès d’un large panel de consommateurs et de professionnels. Elle nous a permis de mieux comprendre comment ils pensent et comment cette pensée influence les décisions d’achat. En outre, nous avons mené une expérience auprès de 360 consommateurs dans une des succursales d’une entreprise multinationale vendant des meubles, des accessoires d’ameublement et des articles ménagers en Italie.»
Une voie vers l’acceptation par les consommateurs
Les résultats de cette expérience sont assez éclairants. Ils indiquent l’existence d’une «prime verte», c’est-à-dire une volonté accrue des consommateurs de payer pour des produits biosourcés plutôt que pour des produits conventionnels, ainsi qu’une «prime verte certifiée», c’est-à-dire qu’ils sont prêts à payer encore plus pour des produits biosourcés certifiés que pour des produits non certifiés. «L’expérience montre également que la demande de produits conventionnels, par exemple le savon pour les mains, les sacs alimentaires ou les stylos de couleur, est généralement plus élastique que la demande de produits biosourcés et certifiés biosourcés. Cela signifie que l’introduction d’un ensemble d’instruments combinant un écolabel basé sur une certification de durabilité, une taxe sur les produits conventionnels et une subvention sur les produits durables certifiés est susceptible de contribuer à l’adoption par le marché de produits biosourcés durables certifiés», note Piergiuseppe Morone.
À mesure que le projet STAR-ProBio avançait dans ses travaux, ses résultats ont été continuellement soumis à l’évaluation de décideurs politiques, d’organisations non gouvernementales (ONG), d’acteurs de la chaîne de valeur et d’associations de consommateurs. Ce travail s’est déroulé sur trois ans et a débouché sur le cadre SAT-ProBio, un schéma directeur pour les systèmes de certification de la durabilité des produits biosourcés. Comme l’explique Piergiuseppe Morone: «Le cadre comprend deux outils clés. L’outil de certification de la durabilité (SCT) décrit la méthodologie SAT-ProBio et ses fondements afin que le cadre puisse être intégré dans le paysage actuel de la certification. Parallèlement, l’outil d’évaluation intégrée (IAT) guide les entreprises dans l’évaluation de produits biosourcés spécifiques. En l’utilisant, elles peuvent identifier les domaines d’amélioration liés à 33 aspects de la durabilité, sur la base de 48 indicateurs différents.»
Le projet a pris fin en avril 2020, mais les travaux se poursuivent depuis lors pour accélérer la définition de normes pour les produits biosourcés. La dernière contribution du consortium date de décembre 2020, il s’agit d’un processus de pré-normalisation construit autour de l’IAT, en collaboration avec l’organisme national de normalisation italien. Ce processus devrait être finalisé et publié d’ici la fin de l’année 2021.