PDF Basket
Le cancer est la deuxième cause de mortalité dans les pays de l’UE après les pathologies cardiovasculaires. Chaque année, 2,6 millions de personnes se voient diagnostiquer un cancer, et 1,2 million meurent de cette maladie. Plus de 40 % des cas de cancer sont susceptibles d’être évités, et la mortalité pourrait également être réduite grâce à un diagnostic plus précoce et à des traitements plus rapides et plus efficaces.
La tomographie par émission de positons (TEP) est utilisée depuis des décennies pour détecter le cancer et évaluer l’efficacité des traitements. Les systèmes de nouvelle génération, tels que les TEP corps entier, promettent d’améliorer encore cette technique d’imagerie dans les années à venir.
Mais les améliorations ne nécessitent pas toutes de nouveaux équipements. Grâce au financement du projet uPET, l’équipe d’Andreas Kjaer, de l’Université de Copenhague et du Rigshospitalet, est parvenue à mettre au point la toute première analyse clinique d’uPAR, un marqueur connu pour être fortement associé au potentiel métastatique dans la plupart des formes de cancer. Grâce à cette technique, les TEP standards peuvent désormais mettre en évidence l’agressivité réelle d’un cancer.
«Il s’agit d’une avancée importante pour la planification du traitement», déclare Andreas Kjaer, professeur et chef de service aux départements de physiologie clinique et de médecine et biomédecine nucléaires du Rigshospitalet et de l’Université de Copenhague. «Nous avons montré que le TEP d’uPAR est, dans de nombreux cas, bien plus utile que l’évaluation histologique. Il contourne le risque d’erreur d’échantillonnage — où le tissu évalué n’est pas représentatif de l’état de la maladie — et ne néglige aucun aspect du cancer ou des métastases. L’imagerie TEP corps entier nous permet vraiment de tout voir.»
Une solution pour tous les types de cancer
uPAR n’est pas seulement un marqueur d’agressivité. Il est également impliqué dans le processus d’invasion, ce qui, selon Andreas Kjaer, contribue probablement à sa robustesse dans la prédiction de la survie globale et de la progression de la maladie. Un autre avantage du TEP-uPAR est qu’uPAR est exprimé dans environ 80 % des tumeurs solides, ce qui signifie que l’examen peut être utile à de nombreux patients atteints de cancer, quelle que soit la forme de la maladie à laquelle ils sont confrontés.
Jusqu’à présent, l’équipe a appliqué avec succès cette technique aux cancers du sein, de la prostate, du cerveau et de la tête et du cou, ainsi qu’aux tumeurs neuroendocrines. «Nous avons voulu nous concentrer dans un premier temps sur le cancer de la prostate et du sein, qui regroupent les plus grands besoins médicaux non satisfaits», ajoute Andreas Kjaer. «Dans le cas du cancer de la prostate, nous souhaitons utiliser le TEP-uPAR comme une biopsie non invasive pour une meilleure stratification du risque dans les maladies localisées. Il s’agit d’éviter le surtraitement chez ces patients dans un contexte où l’on estime que 80 % des prostatectomies sont pratiquées inutilement et que 70 % de ces patients sont confrontés à des effets secondaires tels que l’impuissance et l’incontinence urinaire. Le TEP-uPAR permettra non seulement d’améliorer la vie des patients atteints du cancer de la prostate, mais cette technique sera également rentable», explique Andreas Kjaer.
Le TEP-uPAR ayant été testé avec succès sur plus de 400 patients, Andreas Kjaer et son équipe se concentrent désormais sur les améliorations technologiques. Ils étudient notamment les thérapies par radionucléides ciblant uPAR, qui utiliseront la liaison uPAR pour irradier localement les tumeurs avec une grande précision. «Nous pensons qu’uPAR est une “cible intelligente” à cet effet. Plus les cellules cancéreuses sont agressives, plus le radionucléide s’y fixe. Concrètement, cela signifie que nous envoyons le plus de radiations vers les parties de la tumeur qui en ont le plus besoin», fait-il remarquer.
Si les recherches de l’équipe s’avèrent fructueuses, la thérapie par radionucléides ciblant uPAR pourrait véritablement changer la donne pour de nombreux types de cancer.